En traversant les plaines humides pour atteindre l’Yonne, passé les voies ferrées, le terrain de l’ENSP apparait : Une parcelle longitudinale orientée Nord-Sud, close, contenant différents bâtis aux époques successives, le château et son administration, l’école, sa résidence, ses locaux communs et quelques bâtis parsemés. Aux alentours, des corps de bâti issu d’un territoire agricole, tel une grande ferme qui voisine le terrain. De grandes surfaces vides sont dédiées aux sports et aux manœuvres, confortant ainsi un plan de masse aux secteurs bien marqués. Le territoire de l’ENSP se lit comme autonome ayant malgré tout de grandes porosités sur l’environnement résidentiel à l’ouest et agricole à l’est. Une fois le contrôle au poste de garde effectué, la voie d’arrivée au terrain d’intervention s’ouvre frontalement sur les nouveaux bâtiments de formation à construire. Dans l’axe de cette voie d’accès les salles de formation, la halle, les dojos et le pavillon de simulation constituent une entité foncière entrecoupée d’une voie de liaison (laissant libre l’accès aux bâtiments des jardiniers), sorte d’entre-deux contenu ouvert aux pratiques et aux usages requis. Cette entité est constituée de deux corps de bâtis, l’un dédié aux enseignements théoriques (salles de formation), l’autre aux enseignements pratiques (exercices d’intervention, entrainements sportifs, techniques de combats, simulation en logement…).

La halle multi-activités et les dojos offrent les mêmes façades nord et sud que le bâtiment de formation, en paroi lourde, béton de chanvre. La structure principale est en murs à ossature bois remplis de laine de chanvre, surmontée d’une charpente apparente en bois massif à double entrait, supportant une couverture en tuiles mécaniques de terre cuite de Bourgogne, mémoire de la Tuilerie Lombard-Jozon disparue de Cannes –Ecluse et en résonnance de la ferme du Château, à la matérialité présente. Un bardage bois de châtaignier en « dosse » (première planche de sciage), laissée brute, renforçant le caractère de grande bâtisse rurale protégeant l’ensemble des façades en structure bois. Ce bardage sans entretien, est traité fongicide et imputrescible. Les toitures sont percées de grands lanterneaux où la lumière est dirigée au cœur de la halle et des dojos par des éléments tels des « fagots » de bois. A l’intérieur la lumière entre également par de grandes  fenêtres en hauteur orientées au Nord. Celles-ci sont ouvrantes pour permettre un entretien facile depuis la toiture terrasse accessible.

Les revêtements intérieurs répondent quant à eux à l’évidence constructive et aux usages ; les sols et le soubassement d’un mètre en béton brut permettent de pratiquer des exercices physiques et l’utilisation d’un véhicule sereinement, le béton de chanvre et les panneaux bois (OSB) sur les murs résultent de la méthodologie de construction, tandis que les caissons muraux et les sous faces de toitures traités en panneaux de fibre assurent une ambiance acoustique confortable.

Le projet par sa morphologie inspiré de ces grandes bâtisses rurales, constituant de vraies entités d’usages, comme la ferme du Château et par les matériaux naturels et locaux qui le constituent, prend racine dans son territoire pré-existant, tout en exprimant une évidence constructive à la fois traditionnelle et de préfabrication pour répondre aux délais de construction.