Le Palais de Justice d’Évry symbolise le concept des 30 Glorieuses, visant à rassembler les lieux du pouvoir administratif en un lieu commun, à centraliser et asseoir le pouvoir de l’État sur une France en plein développement. Un concept ici traduit avec force par Guy Lagneau (agence LWD), en 1976.
Plus de 40 ans ont passé… L’État a cédé pour partie son pouvoir aux gouvernances territoriales. L’architecture contemporaine cherche autant que faire se peut à échapper à la mondialisation de ses épures, à valoriser des matériaux traditionnels et biosourcés, à conter des histoires locales…
Et si la Justice n’a pas renoncé aux signes de sa représentation, elle les souhaite dorénavant plus subtils que puissants, plus emblématiques que catégoriques. Des signes que l’extension dévoile pas à pas depuis la salle des pas perdus existante.
Par un parcours qui quitte l’effet magistral des grands « arbres » de béton, pour offrir une délicate alternance de « vides » et de plein, qui guide les pas et semble raccourcir le temps d’approche, et qui se traduit par deux élégantes galeries de verre traversant les jardins linéaires (existant et créé), entre lesquelles s’intercale un ample passage aménagé dans l’épaisseur du bâti occupé par les salles civiles.
Par une géométrie autre (triangulaire) ; des matières autres (du pisé blond, texturé et stratifié en fond de scène, du verre en façades, de la terre cuite blanc crémeux au sol, du bois blanc aux angles arrondis pour le mobilier) ; une lumière autre (abondante avec quelque 140 m² de surface vitrée mais maîtrisée avec autant de surface de stores intégrés). Une image en résumé plurielle qui mêle rigueur, douceur et transparence. Une image pleinement revendiquée pour et par la Justice.